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ÉCONOMIE LIBÉRALE DE COMPÉTITION VERSUS ÉCONOMIE LIBÉRALE D’EXPLOITATION

On présente l’économie libérale en tant que meilleur système possible. On lui prête des attributs :

– Il permet la propagation de la prospérité

– Il constitue un facteur puissant de stabilité s’il est associé à un système démocratique

Un ensemble de personnalités a écrit des multitudes d’articles sur ce sujet. Certains furent même récompensés par de prestigieux prix tels que le Nobel. Cependant, comme je le décris dans mes essais, la fin de l’histoire n’aura pas lieu, la France et déclin, ou encore, désagrégation, paupérisation de l’Union européenne, l’émergence d’une crise qui touche préférentiellement l’économie libérale remet en question l’ensemble de ces théories.

Des erreurs d’appréciation depuis le début

En fait, depuis le début avec les déclarations de Bernard Mandeville, David Ricardo, Adam Smith, le système libéral portait en lui de graves méprises. Ces erreurs sont en rapport avec le modèle économique historique propre à l’époque de ces théoriciens. En effet, que ce soit l’Angleterre ou encore la France, ces deux pays dominaient le marché des échanges commerciaux. Plus précisément, ils l’exploitaient.

On peut affirmer que la concurrence loyale entre les nations évoquées par Adam Smith était incorrecte.

Une vision exclusivement spéculative d’un système

La libre concurrence des entreprises au sein d’un même pays ; la libre concurrence entre les nations représentait des bases d’une économie libérale. Bernard Mandeville ensuite Adam Smith et David Ricardo, expliquent que lorsqu’on laisse l’économie entreprendre sans lui opposer deux contraintes, cela crée de la prospérité. Prospérité qui se généralisera automatiquement.

Adam Smith utilise la métaphore de la main invisible qui régule le flux de l’économie et des finances.

Il s’agit d’un mode de pensée similaire au marxisme. Selon les grandes théories du marxisme, scientifiquement, le capitalisme disparaîtrait et sera remplacé en fin de parcours par le communisme final. On le sait, cela ne s’est jamais produit.

Le libéralisme économique procède de cette manière. Scientifiquement, la libre concurrence générerait la prospérité. Pareillement au communisme, ce ne fut jamais le cas. La prospérité en Europe qui ne dura que trois décennies est due à des facteurs autres que le libéralisme.

Des erreurs d’appréciation grossières

Lorsque l’on parcourt l’intégralité des ouvrages des grands penseurs du libéralisme économique, on observe qu’il est constamment question de système, rarement d’humains qui portent ce système. En outre, je leur fais le reproche de confondre les apparences avec les causes de ces mêmes apparences. Il s’agit d’une erreur importante que je dénonce dans ma critique des chocs des civilisations de Samuel Huntington et dans la critique de Francis Fukuyama et de sa théorie de la fin de l’histoire.

Malheureusement, des générations de jeunes libéraux reprennent à l’envi ces mêmes méprises. Je développe ceci de façon didactique et claire dans mes ouvrages cités ici.

Un système basé sur l’exploitation et non sur la compétition

Lorsque l’on regarde de près l’évolution du système économique libéral, il est aisé de comprendre qu’il n’est nullement basé sur la concurrence loyale comme cela est décrit depuis l’origine. Dans la réalité, c’est l’exploitation, et uniquement elle, qui représente les lignes directrices de ce genre d’économie.

– En premier lieu, exploitation de ce que l’on a appelé classe ouvrière ou prolétaire. Salaires bas, logements insalubres, conditions de travail difficiles…

Le dogme était le suivant, il faut produire des objets avec la moindre dépense possible. Cela ne pouvait se faire que par l’exploitation de la misère des travailleurs. L’histoire est suffisamment claire sur ce sujet.

– En second lieu, exploitation des nations. Auparavant, à l’apogée du XIXe siècle, l’Angleterre possédait des colonies parmi lesquels on pourrait citer l’Inde. L’Angleterre représentait une force maritime et militaire puissante. Pour imposer le commerce de l’opium, elle fit une guerre à la Chine. Cet épisode historique est connu sous le terme de guerre de l’opium.

Finalement, il n’existait pas de réelle concurrence entre les nations, mais plutôt une exploitation par les puissants. C’est l’éternelle loi du plus fort.

Pour un pays comme la France, là encore, pas de libres concurrences, mais l’exploitation des colonies. Essentiellement en Afrique.

Même la compétition entre la France et l’Angleterre était falsifiée. On se partageait le monde.

Confronté à une vraie concurrence, le libéralisme économique ne tient pas la route

En ce moment, la situation a largement évolué depuis les décennies qui viennent de s’écouler. L’Inde, la Chine, le Pakistan, le Brésil ne sont plus colonisés, ils représentent, à leur tour, de grandes puissances économiques.

Les pays de l’Afrique, anciennement dominée par la France, sont dans leur ensemble indépendants. De plus en plus nombreuses sont les nations à rejeter la France.

Le libéralisme économique classique tel qu’il était conçu doit faire face à une concurrence de plus en plus ardue. La Corée, la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, la Turquie sont autant d’adversaires puissants à s’imposer sur le marché international. Ils sont en mesure de proposer ce que les anciens empires produisaient antérieurement.

Les pays européens sont dans l’incapacité de comprendre cette simple configuration mondiale. Ils persistent dans la croyance de leur supériorité ; ils continuent de mépriser leurs anciennes colonies au lieu d’en faire des partenaires ; ils persévèrent dans la logique de l’exploitation.

En économie libérale, si on produit on doit vendre

Les pays de l’ancienne économie détiennent encore le savoir-faire, cependant, ils ne sont plus les seuls. Ils sont même dépassés par la Corée, le Japon et la Chine.

Ils pourront toujours continuer de produire, mais la question essentielle, à qui vont-ils vendre leur production ?

Là où la France place une voiture, plusieurs pays placeront la même, à moindre coût. Plus encore, certains pays de l’Afrique, par rejet d’une France arrogante, limiteront la pénétration de l’économie française.

Le facteur humain est déterminant

L’idée selon laquelle, finalement, tous les pays sont confrontés aux mêmes problèmes de production et de vente n’est valable qu’en apparence. C’est là qu’intervient le facteur humain. Lorsqu’il existe une solidarité entre les citoyens d’une nation, il est possible de surmonter la crise d’une production que l’on ne vend pas. Pour le dire simplement, les humains se serrent les coudes.

Dans les pays européens où l’État se substitue à la solidarité naturelle, et dans lesquels il y a émergence d’un humain nouveau tel que je le décris dans mon essai, transfiguration de l’humain en Occident. La naissance de la monade, l’esprit de solidarité générationnelle disparaît, la crise s’installe.

Des réponses inappropriées

Lorsque l’on écoute les informations sur la majorité des chaînes en France, on observe que les mentalités sont figées dans les époques des grandes colonies. Pareillement, il persiste une attitude arrogante envers des pays qui pourtant détiennent les clés de sortie de crise. La France ne pourrait sortir de la difficulté que si elle consent à un partenariat d’égal à égal avec des pays africains. Ce qui ne se fera jamais.

La réponse européenne à la crise consiste en un appauvrissement de la société et du citoyen. Cet appauvrissement se fait par l’intermédiaire d’impôts divers, de diminution des prestations sociales, d’amoindrissement des soins, etc. La réforme des retraites représente de manière éclatante ce style de colmatage.

Lorsque tous les moyens seront mis en œuvre, commencera la misère, ensuite la paupérisation.

La crise qui s’installe essentiellement en Europe est insurmontable. Si elle l’est, c’est exclusivement de la faute de l’intelligentsia qui ne possède plus les compétences pour juger avec sérénité une situation. À cela s’ajoutent des mouvements sociaux idéologiques tels que le féminisme, l’extrême droite, le nationalisme, le souverainisme qui orientent les efforts des nations européennes vers les futilités.

En conclusion

Le monde occidental devrait impérativement comprendre que l’époque des colonies est révolue. Il n’est plus possible pour l’homme blanc de venir en Afrique pour échanger des verreries contre diverses gratifications. Il est temps, pour l’humain occidental de retrousser ses manches et de mettre la main dans le cambouis. Est-il capable de le faire ?

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