LIBELLE 6, DÉMOCRATIES OCCIDENTALES, AMOUR DU POUVOIR ET MÉPRIS DES CITOYENS

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Élite et amour insensé du pouvoir

La surprenante caractéristique de l’élite en Occident demeure son amour pour le pouvoir. Que ce pouvoir fût héréditaire, ou qu’il fût par la volonté populaire, le désir de puissance représente une ivresse qui anéantit la raison.

Les représentants, lorsqu’ils sont élus, n’ont qu’une seule obsession, persister dans leurs fonctions. Ils s’habituent à leur condition de favorisés, et finissent par croire que ces privilèges sont permanents. Comme dans les monarchies de droit divin, ils deviennent persuadés qu’être représentant du peuple, leur est dû naturellement.

Ils perdent cette notion simple, leur fonction leur est octroyée, temporairement, pour servir leurs concitoyens. C’est à eux qu’ils doivent rendre des comptes.

Le mépris envers ceux qui les ont élus

Dès lors qu’ils sont choisis par les urnes, les représentants se sentent des élus. Ici, le terme élu, prend le sens d’une élite choisie, puisque prestigieuse. Alors qu’auparavant ils serraient les mains pour solliciter des votes, aussitôt qu’ils sont au pouvoir, ils deviennent hautains, distants, et méprisants.

Comme sous l’ancien régime, ils se transforment en aristocrates, le reste du peuple constitue le tiers état. Bien plus que cela, des serfs. Une plèbe que la distinction oblige à écarter.

On ne serre plus les mains des citoyens, de peur que par un phénomène irrationnel, ils ne contaminent le nouveau représentant. La vérité est que cette classe populaire, leur rappelle ce qu’ils étaient auparavant, de simples citoyens.

S’agripper à la fonction

Quand bien même, dans la démocratie occidentale, la fonction de représentant du peuple ne saurait être que provisoire, elle devient une juste propriété. Les représentants ne supportent plus qu’on conteste leur légitimité, qui dans leur esprit, est définitivement acquise. J’y suis, j’y reste, parce que c’est moi.

Quand on arrive à cette condition d’estime de soi, on ne pourrait avoir que le plus profond mépris envers autrui. Lorsqu’il réclame son droit, le simple citoyen se transforme, dans l’esprit de ces élus, en perturbateur. Perturbateur, au sens de quelqu’un qui dérange la tranquille puissance des représentants.

À la fin de son mandat, et surtout si les sondages sont défavorables, le représentant se découvre l’âme d’un citoyen de base. Subitement, il évoque ses origines misérables, subitement, il assiste à des matchs de foot, subitement, il va à pied à la boulangerie pour acheter, lui-même, sa baguette de pain.

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