Il y a plusieurs années, Luc Ferry qui est un gentil garçon sortait une série de livres audios dans laquelle il constatait que les individus en Occident s’ennuient si bien que souvent, sans raison, ils prennent leurs voitures, leurs gamins, pour faire des courses superflues dans les supermarchés. Il cite un poème de Lucrèce où il est question d’un riche qui, brusquement, sur l’emprise d’une impulsion, galope vers le village pour y acquérir un objet de convoitise. Mais, de retour chez lui, lassé de l’objet, il se met à la recherche d’un autre.
Plus de 10 ans plus tard, Ferry sort une nouvelle série audio où cette fois-ci il est question d’ubérisation sociale, de GAFAM, d’objets connectés…
Entre sa première et sa seconde série, Luc Ferry continue d’être un gentil garçon. Cependant, les conclusions qu’il tire de ses observations ne sont nullement appropriées. Il rate l’essentiel. Ceci est quelque chose de courant chez l’intégralité des philosophes puisqu’ils fondent leurs observations sur les apparences et certainement jamais sur les causes de ces mêmes apparences.
Ce que n’a pas compris Ferry ce sont les profondes transfigurations de la société occidentale. Lors de sa première série, il était question d’Européens qui quittent leurs logements où ils s’ennuyaient pour s’immerger dans la consommation dans les supermarchés.
Lors de sa seconde série, il est question d’Européens qui restent chez eux. En fait, plus que demeurent chez eux, on devrait plutôt dire se barricadent à domicile.
Les raisons qui conduisent à ce comportement singulier sont le manque d’attrait pour l’extérieur alors que précédemment ce fut l’inverse.
Les Européens, hommes et femmes ; petits et grands, préfèrent leurs domiciles plutôt que d’affronter un monde extérieur jugé hostile et ennuyant.
Lors de ses conclusions, Ferry accable les Uber, les GAFAM. C’est l’éternel phénomène du bouc émissaire. On désigne les faux coupables puisque l’on est incapable de connaitre les vraies causes d’un problème.
Finalement, Ferry est dans l’incapacité d’appréhender les phénomènes qu’il évoque. L’observation est juste, mais les aboutissements ne suivent pas.
Les réclusions volontaires des Européens dans leur propre domicile ne sont que la résultante d’une transfiguration dans ce qu’ils sont profondément. J’ai évoqué et expliqué ce phénomène dans mon essai, transfiguration de l’humain en Occident. La naissance de la monade.
Les intellectuels de toute nature qu’ils fussent ont si bien œuvré qu’ils réussissent le grand casse du siècle, la manipulation des esprits.
– On fait craindre aux personnes le danger d’un terrorisme musulman. Alors que s’installe celui des intellectuels. Il s’agit d’une métaphore évidemment. Je le précise parce que les esprits sont tellement corrompus qu’il faudrait s’armer d’un dictionnaire pour écrire le moindre article.
– Tout ce qui représentait l’âme sociale, culturelle, chrétienne de l’Occident a été anéanti.
– L’essence même de ce qui faisait l’humain n’existe plus. Ou presque plus.
– Détérioration des relations classiques, entre les hommes et les femmes ; entre les parents et leur enfant ; entre les humains d’une façon générale.
– La tyrannie des intellectuels est telle que pour assister à une messe, pour fêter Noël, pour ériger un sapin de Noël, il faudrait leur autorisation écrite. Pour quand les lettres de cachet ?
Finalement, il est tout à fait possible que dans quelques années, sinon quelques mois, Ferry sorte une autre série de vidéos dont le thème serait : un phénomène inquiétant bouleverse notre société, les occidentaux immigrent en masse vers les pays musulmans pour y vivre heureux, y fêter Noël ; y vieillir paisiblement. Et, bien entendu, pour retrouver la joie de vivre avec des humains. Des vrais.