I-CYCLE LIBÉRALISME, DÉMOCRATIE : BULLSHIT JOBS, ALIÉNATION PAR LE TRAVAIL.

Bullshit jobs, la constatation de David Graeber. L’anthropologue américain, David Graeber, fait une constatation intéressante, à propos du travail, basée sur deux paramètres. L’utilité pour la société, la satisfaction personnelle du travailleur. Sa conclusion est que l’évolution de la nature du travail dans les pays de démocratie libérale se fait vers la création de multiples professions ne possédant aucune utilité et ne garantissant aucun plaisir pour le professionnel.

Des études prennent le relais dans lesquelles il est affirmé qu’un nombre important et grandissant de personnes sont insatisfaites de leur emploi. Il en découle l’ennui, le mécontentement, les frustrations. Une liste de professions déprimante est présentée.

Je vous propose mon analyse, ainsi que ma contre-analyse, de ce phénomène. Il est fondamental de le placer dans le contexte dans lequel il évolue.

Frustrations, aliénation au travail, un phénomène récurrent

Satisfaction par le travail accompli

Pour appréhender pleinement le bullshit job présent, il est opportun de rappeler l’ancienne condition.

Avant la révolution industrielle, sous la féodalité, généralement, les gens étaient des agriculteurs, ou encore des artisans. La satisfaction du travail, malgré la pénibilité, provenait du fait qu’à travers des efforts on pouvait contempler un résultat dans son ensemble. Cela peut-être une belle moisson, un beau meuble accompli. Ces personnes évoluaient dans une atmosphère de tradition, de famille, de religion. À défaut d’être heureuses pleinement, elles se plaisaient dans leurs conditions.

Aliénation dans le travail d’usine

La révolution industrielle détruisit les systèmes traditionnels pour imposer le travail dans les usines. Les ouvriers accomplissaient des gestes répétitifs, mécanisés. Ils ne possédaient, pratiquement jamais, une vision globale de l’œuvre finale à laquelle ils participaient. La frustration qui en découlait s’amplifiait par les séparations familiales. Cependant, malgré tout, ces ouvriers trouvaient un palliatif. Ils essayaient de se regrouper pour reconstituer une ambiance perdue.

Aliénation et frustration présente

Au préalable, il est nécessaire de comprendre la société occidentale dans son évolution. Ce ne sera qu’après cette étape que le thème du bullshit job peut être abordé.

Dans nombre de mes essais, j’évoque la transfiguration de l’humain en Occident.

En voici quelques-uns :

– Transfiguration de l’humain en Occident. La naissance de la monade

– 32 libelles. Note, cet essai fait partie d’un ensemble de quatre ayant pour thème, repenser la démocratie en Occident

– Petites pensées autour de la méchanceté

Un humain nouveau

Cette transformation globale de la société aboutit à l’émergence d’un nouvel humain présentant les caractères suivants :

– Il est impersonnel

– Il est cynique. Mais, ici, le cynisme est perçu en tant que vertueux

– Il n’a besoin de rien d’autre en dehors de lui-même

– Il est borné, se situant dans la négation absolue des évidences et des réalités

– Il vit en dehors des réalités et des relations humaines. Seul son univers mental compte. Tout ce qui vient contrarier cet univers est perçu en tant qu’offense pour son intégrité psychologique

– Il perd l’esprit de la compassion pour se complaire dans la détresse de ceux autres que lui. Le paroxysme est atteint par sa jouissance lors des génocides

– Quand cet individu parle, il présente l’aspect de la maîtrise de soi et de l’assurance. Ceci n’est qu’une façade qui dissimule une personnalité complexée

– Lorsque cet individu nouveau perd sa puissance, ce peut être un licenciement d’une station de TV où il était la vedette, généralement, il entre dans la dépression, dans l’alcoolisme, dans la dépendance psychologique. Ceci provient du fait qu’il ne supporte pas qu’on remette en question sa puissance. Une puissance dont il est le seul à croire qu’il la possède

Conclusion

L’abord des aliénations, des frustrations, des insatisfactions personnelles dans le travail doit considérer les profondes mutations de la société. En fait, quelle que soit la nature du travail, sa diversité, sa richesse supposée, ces humains nouveaux éprouvent toujours des désagréments. Ceci provient de leur propre aliénation. Créée essentiellement par eux

Je reviendrai sur ce sujet dans un prochain article. J’y aborderai comment l’actuel bouleversement numérique conduisit à l’uberisation des sociétés alors que l’automatisation des tâches provoque des aliénations qui rappellent celles de la révolution industrielle.

Le moment est venu pour tourne le dos à des philosophes obsolètes et délétères.

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