LORSQUE L’ÉLITE OCCIDENTALE CROIT FERMEMENT EN SES PROPRES MENSONGES

Parmi les caractéristiques du monde occidental démocratique, celle qui consiste à croire en ses propres mensonges me semble la plus intrigante.

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DES THÈSES INFONDÉES QUI CONNAISSENT LE SUCCÈS

Globalement, cela se passe ainsi, un philosophe connaît le succès par une thèse généralement infondée. Parce que ce thème présente un aspect séduisant, d’autres intellectuels le reprennent ensuite, ils le diffusent à leur tour. De philosophe en philosophe, l’idée générale de base, bien qu’elle soit fausse, par sa répétition se métamorphose en vérité. En fonction des circonstances, des problèmes internes de société, de périodes particulières, l’idée du philosophe du début devient une vérité irrévocable. La dictature de cette opinion s’impose par la Cancel culture. L’un des exemples plus frappants est celui du choc des civilisations de Samuel Huntington. Bien qu’il ne fût jamais arrivé, bien que l’on sache que Huntington se fut complètement trompé, personne n’osa s’y opposer. Le courant dominant l’empêche. Il me semble que je fus le seul à le faire à travers mon essai, la fabrique du choc des civilisations et des opinions. Disponible sur Amazon.

LA MALADIE DE JOUHA. Cf note de fin

Dans certains de mes ouvrages, j’illustre mes propos par un personnage de la culture arabe marocaine, Jouha. C’est un homme qui est, en même temps, malicieux et rusé ; bon et retors ; intelligent et idiot. Il n’est jamais pourvu de méchanceté intentionnelle. Voici une anecdote le concernant.

Jouha était debout devant la porte d’une maison inoccupée. Il invente un canular selon lequel, dans cette habitation vide il y a à manger pour tous. Un passant l’interpelle :

— Jouha, pourquoi regardes-tu cette maison, que se passe-t-il ?

— Il y a à l’intérieur un festin pour tous, vas-y profite de l’aubaine, répond notre farceur.

Le passant rentre dans la maison, mais n’en ressort pas. La même scène se reproduit avec quatre autres curieux. Jouha est pris par le doute, et si réellement il y avait une réception dans cette maison qu’il sait pourtant vide ? Et c’est ainsi qu’il y pénètre à son tour. Il a fini par croire à son propre mensonge.

DES INTELLECTUELS SI FANATIQUES DE LEURS PROPRES INVENTIONS

Des penseurs occidentaux sont dans la même posture. Dans un premier temps, ils inventent quelque chose qui n’existe pas. Ensuite, cela se propage par le biais des médias créant une fantaisiste croyance qui sera reprise par d’autres penseurs. Il arrive souvent que ces intellectuels finissent par oublier que ce sont eux-mêmes qui ont créé cette ineptie. Ils affirment dès lors, voyez-vous ce que nous pensons est vrai puisque des penseurs le prétendent. Mais, les premiers penseurs, ce furent eux !

C’est ainsi que les philosophes, non seulement finissent par croire à leurs propres mensonges, mais ils les corroborent à partir des déclarations de ceux-là mêmes qui y ont crus !

Ce phénomène de maladie de Jouha est beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense dans le monde occidental. Il est responsable de beaucoup de rumeurs, de beaucoup de théories plus ou moins rocambolesques.

Vous l’aurez donc compris, le choc des civilisations est non seulement une aberration, mais c’est une création de toutes pièces par des intellectuels qui finissent par croire à leurs propres affabulations. Chez Jouha il y une sagesse par l’ironie, chez les intellectuels par les peurs.

L’un des éléments préoccupants de la croyance en ses propres mensonges consiste en ce que l’on invente pour un pays une puissance qu’il ne possède pas. Dans la guerre de l’Ukraine, on créa artificiellement la faiblesse de la Russie face à la puissante Europe. Le lecteur se rappelle les différents articles et déclarations sur ce sujet. Après plus de deux ans de guerre, la Russie est debout, arrogante et puissante. Inversement, l’Europe s’enfonce dans la crise. Il eût mieux valu s’accrocher aux réalités plutôt qu’aux mensonges.

Note : Nasr Eddin Hodja personnage à l’origine du mythe de Jouha était un grand soufi turc. Il arrivait par l’ironie à démontrer à certains le ridicule de leurs comportements. Il mérite d’être connu.

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